Face à l’ampleur de ses difficultés (rareté des ressources, chômage et exode des jeunes, problèmes environnementaux…), la Commune de Bignona s’est lancée dans la recherche de partenaires. Par l’intermédiaire du CIEPAC (ONG française), elle a pu signer en 1988 une charte de coopération avec le Conseil général de Savoie (France).
À cette époque, les élus étaient confrontés à une demande sociale forte considérée comme un défi majeur en matière de développement économique et social, d’où l’importance d’une telle coopération avec un partenaire extérieur pouvant jouer un rôle d’appui et d’accompagnement à l’élaboration et à la mise en œuvre des projets et programmes de notre Commune.
Depuis cette date, une cellule permanente constituée d’animateurs bien formés, a été mise en place, encadrée par des élus. Elle a pour mission principale d’expliquer aux populations les véritables enjeux de ce partenariat de coopération décentralisée qui vise à organiser autour d’une dynamique de développement local, l’ensemble des acteurs impliqués. Deux structures représentant les populations civiles ont été mises en place dans le cadre de cette coopération, à savoir : l’Association PADEB (Programme d’Aménagement et de Développement de Bignona) et l’Association Savoie Solidaires (France).
Ces deux structures sont appelées à collaborer avec les élus et les partenaires dans le cadre de toute démarche d’élaboration, de planification et de mise en œuvre du programme de coopération. Cette coopération qui a connu depuis 1988 différentes mutations, a été jalonnée de succès mais aussi de difficultés.
Trois grands axes ont été mis en œuvre pour réaliser une politique municipale de développement économique et social :
I. Organisation des populations pour un développement participatif inclusif :
- L’évolution du dispositif a permis de mettre en place des cadres de concertation de quartiers (CCQ) et des pôles de développement. Le CCQ mobilise l’ensemble des acteurs et dynamiques associatives d’un quartier pour participer à l’effort de développement de la collectivité locale. Le pôle étant le cadre de planification des acteurs concernés par une même filière, ou par un même secteur d’activité,
- Le Conseil Communal de Concertation, qui regroupe élus, représentants de la société civile et des partenaires est l’instance communale d’arbitrage et d’harmonisation des propositions. A ce titre il aide les élus à prendre des décisions.
II. Mise en place d’un programme de coopération porté conjointement par les élus et les populations de chaque territoire :
- Les acteurs impliqués dans cette coopération ont appris à réfléchir et à définir ensemble des axes d’orientation générale du programme de coopération. Ils procèdent à une confrontation et à une mise en commun des propositions débouchant sur des actions prioritaires.
- Des échanges d’expériences directs Nord-Sud entre acteurs ont pu être développés :
- missions d’appui méthodologique au programme, échanges d’expériences sont périodiquement organisés,
- voyages de découverte et de rencontres interculturelles, d’apprentissage à la vie associative, des chantiers d’insertion et de réinsertion sociale, traduisent la réalité et la réciprocité des relations de cette coopération,
Ces échanges ont été animés par des acteurs très divers : élus, élèves, enseignants, le personnel de santé, artistes, des associations de jeunes….
- Dans le cadre du projet pilote, mis en œuvre en 1995, les binômes en coopération décentralisée que sont : Bignona/Savoie, Mbour/Aube, Bakel/FPRA ont initié des échanges Nord-Nord et Sud-Sud, en organisant des ateliers de partage d’expériences sur les projets lancés par les différentes coopérations.
III. Une stratégie de développement local, basée sur un renforcement de capacités des acteurs avec une approche de gouvernance participative
- Les projets et programmes en cours sont conduits selon une démarche de gestion concertée et contractuelle. Les élus impliquent ou sollicitent à chaque fois que de besoin la société civile, les partenaires locaux et extérieurs.
- Le renforcement institutionnel de la commune (appui la gestion administrative et financière et à la maîtrise d’ouvrage), la capacitation des acteurs, ont permis une meilleure participation et une bonne coordination du programme.
- Un plan de communication a déjà été élaboré pour réaliser les actions suivantes :
- l’information des populations sur les activités menées dans le cadre de cette coopération (cellule de communication),
- les débats citoyens sur le budget participatif (équipe d’animation),
- l’auto évaluation des performances de l’action municipale (comité de suivi du budget participatif).
L’exemple de ce partenariat, actif depuis plus de 20 ans, montre combien l’organisation des populations à la base et l’élaboration d’un programme de coopération participatif qui implique l’ensemble des acteurs du territoire, constituent les bases d’un partenariat durable.